mardi 23 octobre 2018

Mémoires et oublis


              Mémoires et oublis

" Les Gaulois dansent encore le rock sur les colonnes de Buren"

Vieil écrit de vie passée. 
Deux personnages concernés.
Deux vies seules pouvaient comprendre dans l'hier, à l'instant même, à la lecture de l'écrit, quand les autres vies disaient : " Mais qu'est ce que ça veut dire ?"
Deux vies seules pour comprendre dans l'hier, mais dans l'aujourd'hui?
Mystère.
L'un se rappelle quand il a gravé, mais l'autre se souvient-il?
A-t-il gardé la trace qui confirme le souvenir ?
Est-il encore en vie?
Et dans le demain pour le troisième personnage représenté par le lecteur éventuel, voire par l'auditeur imaginaire à la lecture de cette simple phrase entre guillemet.
"Qu'est ce que cela peut bien encore vouloir dire?
Sans la révélation du mystère, un secret peut rester des siècles entier et le sens profond du souvenir se noie dans les méandres du passé.
Pour se souvenir, on se crée une présélection par un choix.
On se dit: Qui sera élu comme souvenir ou qui ne le sera pas ?
Mémoire seule ou à deux ou à point de suspension du nombre de personnages ayant choisis une même présélection et ce quel que soit le succès du ou des mots lâchés pour lire ou effacer l'écrit qui confirme le souvenir.
L'autre sait. Ou les autres savent mais tous les autres n'y verront que du feu,
Ou une pensée floue, ou poétique, ou amusante, ou hermétique, de l'être qui écrit et qui rassemble les morceaux d'un puzzle de vies.
Vies faites de bribes de souvenirs et d'oublis.
Les bribes de souvenirs sont comme les parfums de nuit qui s'évaporent dans l'air d'une ville qui s'éveille.
Aristote médite encore sur ce qui est en train de croître.
Il est cinq heures, Paris s'éveille.
Chanson bien connue qui rejoint les autres souvenirs qui se mêlent aux personnages statufiés dans un désert de vie.
Des êtres de cire en plein désert ! A nous de les faire revivre…
La douce folie des souvenirs, c'est de ne plus pouvoir distinguer les visages des personnages du désert.
Les autres deviennent comme des balais qui se mettent en marche dans la tête.
Des balais sans tête avec des habits de grandes lumières ou des guenilles pleines de terre.
Ombres ou lumières, les ténèbres de la vie sont là pour nous permettre de retrouver le bon éclairage qui nous
donne envie de poursuivre le chemin dans les méandres du parcours.
Remonter du plus loin qu'on se souvienne !
Abandonner, s'abandonner au plus profond de soi dans le vaste magma de la terre.
Qu'est ce qui fait le plus peur dans le feu rouge feu de nos vies intérieures ?
Perdre la mémoire ou retrouver la mémoire ?
L'humain a peur de retrouver sa mémoire et il finit par la perdre.
Néanmoins, il craint aussi de perdre la tête car avec ou sans nez, le résultat reste toujours le même. La mémoire est un trésor caché dans le trou béant du vide spiral qui attire et qui terrifie à la fois.
Attraction du vide et du néant.
Trous de mémoire, trous, petits trous de nos histoires.
L'oubli devient l'objet perdu dans la terre qui renaît dans la végétation.
L'oubli se fond dans la matière comme le papillon referme ses ailes en couleurs identiques à l'écorce de l'arbre pour mieux appréhender l'univers.
Ce que fut l'hier, fut l'hier.
Mais est-ce l'hier que l'on connaît ou bien alors  l'hier que l'on ne connaît pas ?
Plonger dans l'hier que l'on ne connaît pas, soumet à l'art de la discrétion mais oblige aussi à l'art de la digression comme une faculté d'intimidation née d'une timidité qui éloigne en apparence seulement du sujet de la chose sur lequel le mystère repose.
Comment accepter de se dessaisir, de se desservir, voire de se déposséder pour mieux se nourrir des mémoires collectives qui unissent ou pour éventuellement renaître des inconscients collectifs qui fusionnent dans l'univers.
Mémoires multiples aussi qui terrorisent par la clarté ressentie dans la senteur.
La peur de la pureté quand on croit toucher la vérité mais ou le danger est grand dans l'écart à l'envers qui va jusqu'au milieu des temps.
Milieux des temps qui détendent, milieux des temps qui se répandent comme tous les mots non choisis dans les têtes qui coulent comme des encres et qui finissent toujours par se délaver dans les océans.
Oublier sa mémoire préparatoire dans une consigne de gare, se dire que l'on reviendra la chercher plus tard.
Quitter volontairement aussi cette mémoire à fards, parmi tous ces visages hagards qui se promènent parmi les loubards même si l’on chausse le vernis noir qui claque et qui claquera encore longtemps sur les trottoirs des grands boulevards.
Noir comme urinoir, cafard, départ. 
Noir comme désespoir.
Blanc, blanc comme enfant. 
Blanc tout blanc comme océan.
Non comme Méchants.
Méchants les hommes qui tuent le bébé éléphant.
Méchants, méchants, méchants.
Mémoires poésie, mémoires art, mémoires liberté.
Contre mémoires esclavage, mémoires soumission, mémoires abandon.
Se rendre digne, ne jamais refuser d'accorder un pardon.
Se rendre digne, savoir demander pardon.
L'homme sera digne quand il saura accorder et dire pardon.
Pardon pour toutes les erreurs passées.
Pardon pour tous les enfants blessés, humiliés, violés, torturés.
Pardon pour toutes les guerres, pour toutes les vengeances, pour toutes les lâchetés de notre passé.
Pardon pour tendre à ne plus jamais recommencer.
La mémoire et la mort comme le couloir de son sort.
Alors quand on est mort est ce qu'on se rappelle ?
Les bébés ont-ils une mémoire ou ont-ils déjà tout oublié dans le ventre de leur mère ?
Entre mémoires et oublis, les forces invisibles scotchent des réponses mystérieuses dans les néants de l'histoire.
L'homme est si fier d'être en mesure de marcher sur la lune mais est-il capable de pouvoir répondre aux mystères de la création ?
Mystère qui passe pourtant par la femme et par l'œuf plein de mémoires qui croît en elle.
Mystère qu'il craint ou qu'il voile, qu'il cache ou qu'il domine et qu'il finit bien souvent par écraser.
Mystère qu'il ne veut parfois même pas entendre.
Il est souvent préférable de desservir ces humains là pleins de pouvoir dans l'avenir morbide qu'ils préparent plutôt que de croire en leurs mots niais plein de soi disant espoir.
Malheureusement, l'expérience répétitive dans le temps reste la même, commune et immuable aux lois des hommes comme l'immuable colle à la pesanteur.
Remonter du plus loin que l'on se souvienne, c'est abandonner et s'abandonner dans ces terres intérieures qui obligent à taire toutes ces terreurs.
L'humain a peur et qu'est ce qui lui fait si peur ?
Perdre ou retrouver ?
L'humain résiste inconsciemment au fait d'être en pouvoir de retrouver.
Pourquoi ? Pourquoi cette résistance ? Pourquoi ces occultations ? Ces résignations ? Ces mensonges ? Pourquoi tous ces abandons ?
Comme on abandonne le dit : "Fou", dans ces asiles qui redorent la bonne conscience de la mémoire solide, limpide, linéaire de toutes ces cultures primitives et barbares.
Ces culturels là et ces cultuels là qui enlisent dans le néant le plus absurde toutes créations possibles, tous changements solides qui pourraient pourtant redonner espoir en une humanité meilleure.
Et tous les Socrate, Gandhi, Lennon, Jésus, pour ne citer qu’eux parmi tant d’autres, morts au service de cet espoir attendent encore ou ont attendu longtemps aussi dans le cœur maternel, la femme, la mer, la lune qui savait et qui saura peut-être encore un jour sauver l'humanité.
Puisque l'humain cherche son sauveur depuis la nuit des temps, pourquoi ne se retournerait - il pas maintenant vers sa sauveuse et non plus sa serveuse.
Sa sauveuse, celle qui l'a fait croître en son antre.
Et sa sauveuse ?
Sait-elle qu'elle peut l'être ou le devenir ?
Alors resteront-ils encore longtemps féconds ces ventres de mères qui mettent au monde ces êtres immondes ? Ne plus se souvenir de l’auteur de cette interrogation…
Car de la faute originelle à dépasser, à l'Ourobouros à transcender. Entendre enfin. Entendre l'écho des voix des mots du silence devant la caverne du temps.
Sentir le silence noir de l'abandon, voir en transparence les solitudes unies devant l'ampleur du travail qu'il reste à accomplir.
La mémoire et l'oubli.
Un « choueux » est un chou,
Un chou n'est pas une « carotteux »
Un chou , une rose.
Un vaste destin de mensonges, une vaste terre de désolation.
"Le cocon virgule,,, la chenille,,virguleu,
le papillon point.".
"La terre est bleue comme une orange" Paul Eluard.
Petits mots griffonnés à la va vite comme on dit sur un petit calepin à spirale (rouge).
Mémoires et oublis: L'enquêteur enquêté ou comment remonter aux sources ?
De ces rendez-vous ratés sans grande discrétion à tous ces regards fuyants la vérité.
Souvenirs empaquetés, entassés, éparpillés, abandonnés, brûlés, gommés, déchirés.
Mais des portraits dessinés, des sourires donnés, des poèmes parfumés, des fleurs séchées, des yeux touchés. Donner, donner, donner, donner dans la pureté de son cœur DONNER.
Recevoir dans l'instant un peu de la magie.
De cette vraie magie que pourrait être cette vraie égalité.
Quand tout est démultiplié en instant de vraie générosité qui guide vers l'instant magique de la seconde féerique qui fait que tout bascule, que tout se bouscule, quand on se donne aux autres sans retenu ni tabou, sans mensonge, ni vertu superflue.
Quant on croise l'éternel dans une ronde légère qui nous envole vers la Liberté.
Ninaïe.




























dimanche 14 octobre 2018

La Médicis


LA MÉDICIS


Un chevalier pas moche, avec une sacoche est venu la visiter,
Dans un sommeil zébré du Z, 
d’un vieux Zorro ronflant.
Griffonnis indélébile d’un animal morné, 
tout effarouché,
A la vue cachée des secrets de ce monstre rampant.

Dans son rêve elle dit:

Va t’en charlatan puisque Charles t’attend,
La Medicis aussi et son tabac catherinaire.
De celle qui a trahi et péter les dents,
De la pauvre naïve victime du sicaire.
Vous n’aurez pas l’Alsace ni la Lorraine qui tonne
Encore moins son âme de sultane bretonne,
Aux sabots brûlés dans le brasier des bonnes,
Aux yeux noyés du cidre des marins aphones.
Va t’en, monstre,
Même si ses syllabes te manquent au lit,
Laisse son cœur en paix sous sa grenadine sexy,
Continue ta vie tyrannique d’amant impie
Victime de toi ; pour elle, aujourd’hui c’est fini.
Merci, chevalier pas moche, avec ta sacoche,
Merci, de l’avoir si bien éclairée,
Dans sa nuit noire de si triste égarée
Merci sur ce sentier parsemé,
De vieilles loches pleines de cruautés.
Merci pour tes mots précieux livrés.
Merci pour elle, Chevalier.



Ninaïe Gh PRIGENT

dimanche 30 septembre 2018

L'Indienne

        huile sur toile 34x27




L’INDIENNE


Comme l’indienne guette désespérément son étoile parmi les gratte-ciel,
Comme la revenante perdue dans les dédales d’un nouveau monde,
J’ai crié à la lande, j’ai hurlé à la lune mais j’ai chanté sans fiel.
Ce gouffre emplis de mots morts et de silences immondes.

Mam Goz, Mam Goz, Mam Goz, revient dorer tes crampouz.
J’ai faim d’avoir perdu ma langue, dans le ventre de la terre.
Dans le sommeil passager des lois, j’ai croisé les êtres pervers.
Quand sous ta vache, Mam Goz, j’ai vu fleurir la bouse.

Oui, j’ai perdu ma langue dans le ventre de la terre,
Oui, j’ai senti les mots s’envoler dans le désert,
Oui, j’ai appelé sans trêve des ancêtres éphémères,
Sur le chemin escarpé, chaviré des mots à l’envers.

Les vivants jacassent comme les pies Gwen a Du,
Il s’est envolé le chant des sirènes en Breton.
Pourquoi ne veulent-ils pas demander pardon?
Ils ont pourtant tué ma langue et meurtri mon du.

Mais un jour une voix m’a sourit et m’a dit:
Ecoute le bruissement du langage universel,
Déploie comme le geai vivement tes ailes,
Ecoute le vent, entend vraiment,
Pense au temps comme l’enfant.
Les symboles se rejoignent tous dans l’océan.
La grande misère est dans le cœur des gens.

Sereine enfin, oubli l’humiliant du chemin.
Lutte contre le chagrin de tous tes frères humains,
Qui comme toi manquent ou manqueront d’air !
A chercher désespérément leur langue dans le ventre de la terre.


Ninaïe Gh PRIGENT

samedi 22 septembre 2018

Le miel et la biscotte

Extrait Pastel et huile sur toile "regards"


LE MIEL ET LA BISCOTTE.

Et mon cœur saigne et les anges me quittent,
Seule, dans le tréfonds de notre histoire,
Les miroirs m’invitent, à éviter les mauvais regards,
Pour effacer les reflets de ton âme, sur les prismes de ma vie.
Un adieu au temps qui passe.
Sans plus d’effet sur le visage des morts vivants qui m’entourent.
Univers brutal devenu tout à coup insolite.
Rien n’y fait .
Rien ne fait plus mal que la fuite.
Fuir, face au silence de haine qui sort malodorant dans l’espace,
Comme un souffle de vent puant émanant des bouches corrompues,
Fuir.
Comment faire pour devenir plus hermétique qu’hier?
Chercher à me rendre lisible pour tendre à l’invisible.
Invisible pour ne plus devoir souffrir des mensonges sordides de la vie.
Pourquoi dans la vie l’humain ment tout le temps ?
Ces vies tant aimées hier, sans plus rien dans l’aujourd’hui.
Mystère.
Qui s’enlisent dans la mémoire poubelle de mon puits!
Puits couvert des milles ordures qui m’ont tant meurtries.
Cœur dur? cœur pur? Quelle différence?
Le cœur pur sait de quelle belle harmonie,
Fredonne Montaigne à son oreille attendrie.
Il connaît sans crème l’harmonie du "Carpe Diem",
Il entend celles des métaux silencieux déposés devant une porte au début close,
Devant qui le cœur pur ose, se désencombre, se déshabille de la chose.
Il dit ce qu'il fait. Accepte de ne pas faire ce qu'il dit.
Comprend surtout qu’il fait souvent ce qu’il ne dit pas.
Il trouve l’harmonie sans chercher ce qui ne va pas.
Il se laisse guider pas à pas, glisser vers les eaux du grand là-bas.
Harmonie du miel et de la biscotte.
Harmonie du thé et de la bergamote.
Suivre le travail laborieux,
Du miel onctueux qui cherche le chemin de l'aspérité,
Du miel doré dans sa course tendre effrénée,
Pour s’unir à elle,
Elle,
La pauvre petite biscotte émiettée,
émiettée?
C’est pas malin d’être émiettée
Y’en a partout maintenant,
Va falloir tout nettoyer.
Ninaïe Gh PRIGENT







jeudi 20 septembre 2018

Âme en exil


huile sur bois 60x120

Âme en exil

Ecrire... Se souvenir.
Se souvenir, de nos pluvieux souvenirs.
Se souvenir, de nos motels des soupirs,
Froissés, fripés, griffonnés.
Brûlés, gommés sur nos passés. Se souvenir…
Du vide de nos frivoles cafards rampants,
Cloîtrés dans ces drôles de placards branlants.
Se souvenir du néant nébuleux
De ces remparts dressés,
Menhirs brisés. Ecrire. Ecrire.
Ecrire, se souvenir. Se souvenir.
Pourquoi se souvenir seulement de ses plus beaux souvenirs?
Pourquoi l’oiseau bleu embaumé a voulu un soir se punir?
Par ta pensée bien qu’éloignée, qui le fît frissonner.
Par ta volonté éthérée qui le fît tomber: Sur mon plancher.
âme en exil dans une atmosphère de sphères mystères,
d’un ailleurs clair et imaginaire, empli de néants éphémères.
âmes de petits frères morts à la guerre,
Guerres de tranchées passées mais passagères,
Sans plus rien à manger.
Du jour, où elle a su si bien t’abandonner,
Du jour, où elle ne t’a rien laissé,
Du jour, où tout est parti en fumée.
Tout était vidé, dépouillé, spolié,
Jusqu'au dernier de tes baisers.
Tu n’avais rien à garder, rien à laisser.
Plus de traces, plus de farces, plus de crasses.
Tout fût effacé, aspiré, envolé.
Quand par un beau matin d’été, tu t’es enfin relevé,
Dans l’épais manteau blanc de ta première neige étoilée.
Naissance de ton essence, renaissance sacrée.
Hors saison, tu te devais de tout pardonner.
Page blanche, livide sur ton futur destin.
d’un après, sur cet avant de ton dernier dessin.
Tout devait être réinventé sur ton chemin.
Mais devant toi, il n’y avait rien.
Tout devait être recréer sur le sans fin.
Mais en toi le vide était malin.
Tout était enterré dans les mers.
Tout était enseveli dans les airs.
Tout était noyé dans les terres.
Tout et toutes les cendres de tes amours d’hier.
La voie du bonheur tu l’as attendue, mais tu ne l’as pas vue.
La voix de mon cœur tu l’as perçue, enfin tu m’as entendu.
Juste voix, juste milieu d’une valeur secrète en cet œil grand ouvert.
Compassion éclatée, vivante mais sincère sur ce nouveau repaire.
Compassion d’un masculin recrée sur une vie sans chemin,
Compassion au féminin qui devient la vie sans fin.
Ninaïe Gh PRIGENT



lundi 17 septembre 2018

La Larme

    extrait pastel




La Larme

Il a versé sa dernière larme à l’horizon sans tâche.
Un goéland a suivi la ligne plate que sa vision attache.
Quand son cœur s’est ouvert à la vue de la voile blanche,
Qui l’a guidé vers l’île magique des minarets du silence.
Parmi le coulis des vagues, il a bu le vent à petites gorgées,
Pour ne pas s’évanouir devant tant de beauté.
Le temps s’écoule depuis son départ,
Comme le sablier obstrué en son fin passage au milieu étriqué.
Les secondes suffoquent une à une avec difficulté.
Un petit grain de sable, tombe.
Solitaire dans son verre, il attend l’autre.
L’autre grain, l’autre seconde.
L’autre tout court, sans aucun apôtre.
Seul, il résiste au temps qui passe, qui dépasse, qui surpasse tout.
Retourner en arrière, percevoir un hier crucifié, empalé.
Entendre la musique d’un trop plein qui déborde du tout.
De ces gens qui politisent, qui filment, qui photographient,
De ces gens qui parlent fort, qui regardent mal, qui se regardent.
Oh! oui, Qui se regardent, mais qui ne disent rien au fond,
Sur ces choses importantes de la vie qui blesse.
Une souffrance en errance, une rencontre avec la détresse.
Un enfant marqué par la violence d’une existence déjà en laisse,
Faite d’ignorance, de mépris, d’indifférence.
Un enfant déjà vieux d’expériences, 
qui pleure.
Le manque d’amour, le manque de tendresse et de tout.
Le manque de tout et de tout ce mépris posé sur la misère humaine.
De tous ces regards visqueux, inquisiteurs et intolérants.
De tous ces yeux avides, sans doute et sans scrupule.
Qui toisent, qui jugent, qui assassinent.
Amour, tolérance. Vaine utopie d’une époque ignorant le rampant.
Comme tous ces cafards de demain croisant les doryphores d’hier.
Comme un grand tonnerre annonciateur d’un éclatement trop fort.
D'une révolte qui gronde, d’une peur qui fait peur.
Du courage de dire non, avant qu’il ne soit trop tard.
Du courage de parler librement aux autres,
Avant de devoir vivre la méfiance au quotidien.
Sentir un grand frisson parcourir nos corps, comme si c’était vrai.
Vivre l’instant présent en réalisant le danger qui menace.
Percevoir l’aigle qui rode dans l’espace. Se projeter sur l’écran géant.
Observer les visages tristes, inquiets, les gestes contenus, bloqués.
Toucher les âmes embrumées dans ce vaste magma opaque.
Ce temps est là. Il nous happe vers la spirale de l’île de Pâques.
Ces longs mots d’amour vont du billot à la hache, entendons-nous?
Le vent les porte. Changeons ce tout, gardons espoir et aimons-nous.
Jour sacré que nos visions attachent,
Arc-en-ciel doublé vibrant de la larme.
Sa larme qu’il a versé sur l’horizon sans tâche.
Ninaïe PRIGENT  2002
extrait de série pastel


mercredi 29 août 2018

Tout ce que je ne sais pas




Tout ce que je ne sais pas......

Je ne sais pas construire le nid comme l’oiseau.
Je ne sais pas comme Lamartine si les objets inanimés ont une âme.
Je ne sais pas, je ne sais pas, je ne sais pas.
Alors je cherche, je creuse et je taille.
Je sculpte en moi, la rime profonde qui guide ma plume à la flamme.

Je ne sais pas pourquoi mourir.
Je ne sais pas.
Mais j’ai lu dans les yeux de l’ancien,
Le courage, la tendresse, la paix et la joie.

Je ne sais pas pourquoi le temps qui passe, ne veut pas s’arrêter,
Pour garder éternellement ceux que l’on aime ou que l’on a aimé.

Je ne sais pas quand la vie s’en va si elle reviendra.
Mais j’ai vu dans les yeux du nouveau-né,
J’ai bu dans la lumière de l’ancêtre,
J’ai senti ce désir fou d’y croire, même si l’on ne sait pas.

C’est l’amour de tout ce que l’on ne sait pas,
C’est l’espoir de tout ce que l’on ne pourra jamais savoir.
Ce mystère de la vie qui échappe,
Ce vide immense qui nous happe,
Ce puits du temps qui passe.
Qui surpasse, qui nous dépasse.
Ce mystère qui nous pousse,
Qui nous plante, en nos terres intérieures,
Nous, petite pousse,
Qui grandit et nous transforme en épi,
Tout le temps de sa vie, rêver.
Chercher, chercher, chercher.
Puiser la fécondité,
Dans les entrailles,
De la terre.
Aimer, aimer, aimer…
Lever les murailles,
Arrêter les guerres,
Aimer, aimer, aimer.
C’est tout ce qu’on sait.
Alors…
Quand est-ce qu’on le fait?

Ninaïe Gh PRIGENT
extrait huile sur toile 20x90



Quand tu seras là......


Quand tu seras là…

Le soir où je te verrai apparaître,
Mon soleil sera à mi fenêtre.
Ce sera l’hiver. Quand tu seras là.
Nos amours d’hier aux oubliettes,
Nos premiers regards en miette,
Quand tu seras là.
Mes yeux grands ouverts en zoom sur toi,
Cerneront l’espace et le temps qui passe.
Quand tu seras là.
Ta voix sera réelle, mon cœur fera des bonds.
Quand tu seras là.
Pour de vrai, pour de bon.
Je te guiderai vers mon château
Tu entendras son coulis si chaud
Tu verras ma roche secrète taillée de lunaire
Je t’offrirai mon fauteuil face à l’eau.
Tu sentiras ma larme de la mer
Tu verras l’horizon de mes mots.
L’automne sacré ne nous tourmentera plus,
Les vendanges d’Hermès seront révolues,
Je te guiderai pas à pas ;
Vers la crique de mes mille cailloux roses.
Vers les bois sacrés de mes tendres hypnoses.
Vers les rochers secrets de mes folles proses.
Tu toucheras la mousse douce sous tes doigts
Tu effleureras l’écume qui tremble parfois
Tu caresseras le sable d’or et les galets d’argent
Si tu viens, tu vivras tout cela vraiment.
Tu sentiras la mer qui s’en va et nous laisse
Ses cachettes à découvert, cavernes des déesses !
Je laisserai mes rimes en é,
Je choisirai des rimes en «imes», comme dans les films
Ou bien mes rimes en âtre, comme au théâtre
On verra nos quatre yeux près de l’âtre,
Sublimer les images des esquisses de l’intime,
Je boirai tes mots, tu dégusteras mon verbe,
De l’entrée au dessert nos rimes seront sincères.
Nos couteaux brillants, chevaliers d’épées fiers et superbes.
Nos fourchettes coquettes tels des talons-aiguilles dans l’herbe.
Nos doigts salés lactés tout poudrés d’éternité,
Chantilly canapé de nos deux velours mêlés.
Témoins sacrés de nos tendres années décolletées.
Mais, revoilà mes rimes en é !
Dépêche-toi, mon amour viens vite, vite viens en italique,
Ecrire nos demain vidés de leurs robots à tiques.
Dépêche-toi mon amour il est encore temps,
De signer le pour toujours du livre de notre serment.
Ninaïe Gh PRIGENT 2004
huile sur toile 38x55