jeudi 13 février 2020

L'œil unique





Quatre heures du matin.
Du coin de l'œil, l'ombre se profile à l'horizon.
La masse se rapproche.
La lampe est éteinte.
Le parvis est vide.
Un regard aimé d'hier, dégouline d'une tenture délavée.
Il est là.
L'œil unique perce la mémoire.
L'éclair viole l'obscure tenace.
Le pouce collé à l'index de la pensée,
Cherche le point à la ligne de sa fermeture.
Aucune rime, aucun sens.
L'interdit dans toute sa splendeur.
La grosse patte, sur l'épaule gauche, se pose encore.
Il est là, je le sens .
Vibrer sans dévoiler.
Au lever du soleil, l'oiseau chante sur le clavier
Son je évaporé laisse place libre au chantier dénudé.
La profonde fondation s'arme de patience.
Des pierres attendent le feu vert palpitant de l'effort.
Cicatrices entachées du décombre des mots morts.
Son visage lumineux apparaît en premier
Il parle, il lui parle.
C'est pour elle, ces mots là.
Elle se mire à moitié, dans l'eau nacré d'un écran allumé.
Sa corde pend du mauvais coup devenu un réel du passé.
L'hirondelle berce sa mémoire sur l'asphalte chaude du silence.
L'éternité vient d' ancrer l'Amour à son cœur chevillé.
Il est là, je le sens, je le sais.