dimanche 30 septembre 2018

L'Indienne

        huile sur toile 34x27




L’INDIENNE


Comme l’indienne guette désespérément son étoile parmi les gratte-ciel,
Comme la revenante perdue dans les dédales d’un nouveau monde,
J’ai crié à la lande, j’ai hurlé à la lune mais j’ai chanté sans fiel.
Ce gouffre emplis de mots morts et de silences immondes.

Mam Goz, Mam Goz, Mam Goz, revient dorer tes crampouz.
J’ai faim d’avoir perdu ma langue, dans le ventre de la terre.
Dans le sommeil passager des lois, j’ai croisé les êtres pervers.
Quand sous ta vache, Mam Goz, j’ai vu fleurir la bouse.

Oui, j’ai perdu ma langue dans le ventre de la terre,
Oui, j’ai senti les mots s’envoler dans le désert,
Oui, j’ai appelé sans trêve des ancêtres éphémères,
Sur le chemin escarpé, chaviré des mots à l’envers.

Les vivants jacassent comme les pies Gwen a Du,
Il s’est envolé le chant des sirènes en Breton.
Pourquoi ne veulent-ils pas demander pardon?
Ils ont pourtant tué ma langue et meurtri mon du.

Mais un jour une voix m’a sourit et m’a dit:
Ecoute le bruissement du langage universel,
Déploie comme le geai vivement tes ailes,
Ecoute le vent, entend vraiment,
Pense au temps comme l’enfant.
Les symboles se rejoignent tous dans l’océan.
La grande misère est dans le cœur des gens.

Sereine enfin, oubli l’humiliant du chemin.
Lutte contre le chagrin de tous tes frères humains,
Qui comme toi manquent ou manqueront d’air !
A chercher désespérément leur langue dans le ventre de la terre.


Ninaïe Gh PRIGENT

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